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Jeudi 21 juin 2018

 

11h15-13h | Session 1 - Des silences à la parole publique : dispositifs d’énonciation et restitutions.

Discutante : Alice KRIEG-PLANQUE, Maîtresse de conférence en sciences de l’information et de la communication, UPEC, CEDITEC | Salle ML117

Dans les retranscriptions des discours des grands leaders fondateurs de la Troisième République, les sténographes de l’époque indiquent des formes de réaction des publics : applaudissements, approbations par des TB !, rires, émotion etc … La comparaison de ces réactions notées par les sténographes sur un large corpus de discours permet de dégager des typologies de publics. L’historien a bien conscience de la difficulté à faire émerger ce qui peut s’apparenter à une « voix des sans voix ». Il ne s’agit en rien d’essentialiser ces réactions. Seules les comparaisons permettent de mettre à jour des faisceaux de convergence. C’est donc par un travail comparatif sur un corpus de 164 discours, entre 1871 et 1882 devant des publics « populaires » que nous proposons ici d’accéder à cette « parole ».
  • « De la lettre de motivation au bilan social en milieu associatif : quel espace pour la parole des étudiants “sans-voix” ? » - Isabelle LABORDE-MILAA (Université Paris-Est Créteil, Céditec EA 3119)

Dans le cadre de l’analyse de discours, on questionnera un dispositif de parole rapporté à ses conditions de production. Le contexte est celui d’un engagement bénévole (Secours Populaire Français), visant à obtenir de l’association une aide financière pour des étudiants étrangers. Le montage des dossiers implique l’étudiant via une lettre dite « de motivation » et le bénévole via un bilan social. On interrogera d’abord la notion de « sans-voix » au regard de la situation complexe des acteurs, entre statut étudiant et précarité multiforme. On se demandera ensuite si le double dispositif encadrant permet, dans ses modalités, de faire émerger une « voix ».

Dans le sillage des théories du dialogical art publiéespar l’historien de l’art américain Grant H. Kester (1997), des projets artistiques s’activant à l’écart des lieux traditionnels et impliquant des dialogues publics se développent en Europe à partir des années 2000. Les créateurs de « pièces de conversation » œuvrent à développer de nouvelles formes de collaboration, recueillent la parole d’individus souvent marginalisés ou invisibilisés et la (re-)transmettent au sein d’un dispositif scénique, produisant ainsi une forme d’expérience esthétique singulière que nous interrogerons ici.

Ma communication étudiera deux œuvres narratives d’Albert Camus. La première est la nouvelle « Les muets » (1957), dont le titre éloquent n’est pas à prendre au sens littéral mais sociopolitique, puisqu’il désigne un groupe de travailleurs sans voix ni pouvoir. La deuxième est le roman d’inspiration autobiographique Le premier homme (écrit en 1959 mais publié en 1994), où les sans-voix sont d’abord la famille analphabète du protagoniste, puis son quartier pauvre, et encore plus largement, le peuple européen d’Algérie, avant qu’il ne soit expulsé à l’issue de la guerre de décolonisation.

11h15-13h. Session 2 - Prise de parole et constitution des collectifs : les dynamiques de politisation.

 

Discutant : Samir Hadj BELGACEM, Docteur en sociologie, ENS-EHESS, ETT-CMH  | Amphi MIEE

 

Cette communication s'intéressera au travail de politisation des sentiments d'injustice exprimés par des membres des classes populaires de quartiers pauvres de Los Angeles. Via l'immersion au sein du collectif militant entre 2012 et 2017 je tente de restituer la texture du travail des community organizers et la tension entre paternalisme et émancipation qui les anime. La conduite de 30 récits de vie avec des participants donne à voir la réception de ces pratiques d'éducation populaire par les participants. Si des formes de domination peuvent être observées, il se dégage également que la voix des sans-voix évolue au fil de leur socialisation aux normes de l'organisation.

  • « Du combat quotidien à la lutte ouverte : continuités, discontinuités et mésentente. Le cas du combat des biffins parisiens » - Mélanie DUCLOS (Docteure en socio-anthropologie, ATER à l'Université de Bretagne occidentale, Chercheure au LABERS)

Entre 2006 et 2009, Porte de Montmartre à Paris, des biffins – vendeurs informels d'objets trouvés dans les poubelles – se mobilisent contre leur répression par les forces de police et pour la légalisation de leur activité. Basée sur une enquête ethnographique de quatre ans, cette communication part d'une double idée. D'une part que les soulèvements ont leur histoire et leur vivier économico-culturel qu'il s'agit de restituer. D'autre part que le « texte public » n'est pas à l'identique du « texte caché » (James Scott). Aussi, cette communication propose de comprendre les enjeux, discours et espoirs de cette « lutte ouverte » des biffins à la lumière de leur « lutte sourde » : ces pratiques et discours de leur vie de tous les jours qui font de leur culture une « culture de résistance »

  • « Libérer et encadrer la parole politique dans un collectif de familles en attentes d’accès au logement social ». Thomas CHEVALLIER (doctorant en science politique, Université de Lille - Ceraps UMR 8026, Centre Marc Bloch - Humboldt Universität zu Berlin)

Cette communication traite d’un espace de participation collective proposé au sein d’une association de défense du droit au logement. La participation au « collectif » est proposée par les salariés aux familles en attente d’accès au logement social. Une enquête ethnographique permet de comprendre comment les travailleurs sociaux cherchent au quotidien à amener les personnes accompagnées individuellement à politiser les problèmes qu’elles rencontrent et à se mobiliser collectivement pour les combattre. Cette communication met l’accent sur les tensions découlant de ce travail de politisation volontariste et d’encadrement.
  • « Dispositifs, modes d’expression et vulnérabilité sociale dans l’informel urbain : cas des moto-taxis à Douala au Cameroun » - Robert TEFE-TAGNE(laboratoire sociologie et gestion des ressources humaines, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Douala, Cameroun) et Fulbert FOFACK (laboratoire d’analyse des récits médiatiques, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Douala, Cameroun)

Cette communication a pour objectif d’analyser les dispositifs et les modes d’expression dans l’activité informelle de transport par moto-taxis. La problématique est la suivante : dans quelles conditions sociales apparaissent et comment s’articulent les dispositifs et les modes d’expression dans l’activité de moto-taxis alors que les acteurs de ce milieu sont disséminés dans des réseaux créés spontanément, mais obéissant néanmoins à une dynamique identitaire de métier en formation ? La méthodologie repose sur une analyse sémiotique et sémiologique les différents messages inscrits sur les supports motos et des entretiens réalisés auprès des conducteurs. Le cadre théorique combine à la fois constructivisme social et ethnométhodologie. Les résultats montrent que dans des conditions sociales toujours en construction, les dispositifs et les modes d’expression individuels ou collectifs permettent aux moto-taxis d’avoir accès à l’espace public et de défendre leurs différentes aspirations professionnelles.

14h15-16h15. Session 3 - Enjeux de santé et relation de soin : parole intime et publics fragiles

 

Discutante : Caroline OLLIVIER-YANIV, Professeur en sciences de l’information et de la communication, UPEC-Céditec (UE3119)  | ML 117

 

  • « La voix inaudible de la différence : Présence médiatique des personnes porteuses d’anomalies dermatologiques » - Paola SEDDA (maîtresse de conférences, Université de Bourgogne/CIMEOS) & Nataly BOTERO  (maîtresse de conférences, Université de Bourgogne/CIMEOS)

 

Les personnes porteuses d’anomalies dermatologiques sont susceptibles de subir des processus de discrimination menant à un faible exercice publique de la parole. Néanmoins, nous constatons une multiplication de récits médiatiques s’intéressant aux trajectoires de vie de ces personnes. Nos analyses portent sur deux corpus : les comptes Instagram de cinq femmes porteuses de nævus géants congénitaux et des articles en ligne publiés par des médias de divertissement. Quelle identité leur est attribuée à travers ces récits et comment leur parole renforce ou conteste ces assignations ?

 

  • « Valoriser la parole des enfants dans un contexte d’anthropologie médicale et hospitalière » - Sarah BONNARD (doctorante FNS, Université de Lausanne/THEMA), Margaux BRESSAN (doctorante FNS, Université de Lausanne/THEMA) & Carla VAUCHER (doctorante UNIL, Université de Lausanne/THEMA)

Dans le domaine de la santé, les occasions qu’ont les enfants de faire entendre leur voix au sujet de l’expérience de leur maladie et de leur prise en charge sont rares. Leur parole est souvent médiatisée par celle de leurs proches ou des professionnel-le-s qui les entourent. Cette présentation permettra de questionner le statut accordé aux enfants dans le domaine de la santé et dans celui de la recherche en sciences sociales. En partant d’exemples empiriques, la pertinence du recours à une méthodologie préconçue pour favoriser les échanges avec les enfants sera également discutée.

  • « A la rencontre des publics spécifiques des campagnes de communication sur le dépistage des cancers : accès à la parole, consentement et réception contrainte» - Coralie PEREIRA DA SILVA (Université Paris-Est Créteil-Céditec EA 3119)

A l’échelle des départements français, la promotion du dépistage des cancers est assurée par des relais associatifs et institutionnels qui parcourent le territoire dans le but d’informer les publics dits « éloignés » ou « défavorisés ». L’observation ethnographique de ces dispositifs permet de mettre en évidence la façon dont les attentes de participation, légitimant l’efficacité de l’action, conduisent les relais à faire fi du consentement des publics. Ils produisent finalement des situations de réception contrainte empreintes de violences symboliques face auxquelles des résistances peuvent se dessiner.

  • « Les voix des souffrant(e)s en discours tchaté : la parole intime entre genres textuels et genres sexués » - Driss ABLALI (Université de Lorraine, CREM-Praxitexte) & Brigitte WIEDERSPIEL (Université de Lorraine, CREM-Praxitexte)

Ce travail porte sur un dispositif destiné à donner la parole aux « sans-voix » dans un espace numérique organisé par une association de prévention contre le suicide. C’est l’activité même du tchat, entre les voix des souffrant(e)s et les bénévoles de l’association, qui va conférer à cet espace d’écoute, pratiqué par un ensemble d'individus isolés, une dimension sociale et publique. Après discussion du genre textuel spécifié par l’intime, l’ethos égalitaire et la temporalité brève du tchat, c’est la mise en discours de la souffrance relativement au genre sexué qui est différenciée.

 

14h15-15h45. Session 4 - La mise en scène des "sans-voix" et de leurs porte-parole dans les médias de grande diffusion

Discutante : Marie VENIARD, Maître de conférence en sciences du langage, Paris-Descartes- EDA (EA 4071) | Amphi MIEE

Donner la parole aux « anonymes » est une visée médiatique de certains programmes. Depuis 2002, ce projet transparaît dans l'émission de France Culture Les pieds sur terre. Quels sont ses dispositifs de médiation ? Quels sont les modes de réception « possibles » de cette parole ? La linéarité des récits ne saurait faire oublier les non-dits qui demeurent après l’écoute de chaque épisode. Par conséquent, s’intéresser au contenu de cette émission, c’est aussi prendre en compte ce qui n’est raconté ni par l’instance médiatique ni par les témoins.

Cette communication interroge, en diachronie, un corpus de presse de tranchées (dispositif de communication mis en place par et pour les combattants durant la Grande Guerre) avec les outils d’analyse statistique de données textuelles pour mettre au jour l’expérience de guerre donnée à lire par les combattants improvisés journalistes. Nous mettons en regard les résultats obtenus avec un corpus échantillon de titres de presse quotidienne nationale afin de montrer les écarts entre la parole des soldats telle qu’elle est mise en scène dans la presse civile et dans la presse de tranchées.

  • « Sois bonne, O ma chère Eugénie. Qui, pour les autres, as chanté. Une voix pour les sans voix : incarnation, identité et représentations du peuple chez Eugénie Buffet » - Marie GOUPIL-LUCAS-FONTAINE (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne-Centre d’Histoire du XIXe siècle - EA3550)

Eugénie Buffet, en créant le genre de la « pierreuse » au café-concert, s’est donnée pour mission d’incarner non seulement la voix de la prostituée parisienne dans les années 1890, mais au-delà et de manière plus ambitieuse, celle du peuple : « chanter ainsi pour le peuple, dans le peuple, avec lui, c’était une partie de mon rêve réalisé », écrit-elle dans ses mémoires publiés en 1930. Comment et pourquoi la chanteuse a-t-elle pensé son art pour parvenir à incarner ce peuple auquel elle s’identifie elle-même ? Comment le public et la critique ont-ils perçu cette démarche ? C’est à quoi s’attachera cette communication à travers l’étude du répertoire et des mémoires d’Eugénie Buffet et des discours de chroniqueurs et critiques qui ont été diffusés par la presse, en particulier au moment de sa mort.

 

Vendredi 22 juin 2018

 

11h30-13h. Session 5 - Des prises de parole institutionnalisées : participation, délibération et action publique | Amphi MIEE

 

Discutante : Sophie RÉTIF Maître de conférences en sociologie, Université de Paris Nanterre, IDHES (UMR 8533)

 

  • « Faire participer les personnes en situation de précarité. Dispositifs nationaux et mise en œuvre dans les associations » - Caroline ARNAL (Université de Versailles-Saint-Quentin/Laboratoire PRINTEMPS UMR 8085) & Florence HAEGEL (Sciences Po Paris/Centre d’Études Européennes et de politique comparée UMR 8239)

 

L’injonction à « faire participer » les personnes en situation de précarité s’est diffusée dans les politiques sociales s’incarnant dans des dispositifs nationaux comme le CNLE ou le CNPA. Les associations de solidarité jouent un rôle majeur dans la mise en œuvre de cette norme participative. A partir d’une enquête combinant entretiens collectifs, individuels et observation, cette communication interrogera la genèse de ces dispositifs, leur complémentarité ou leur concurrence ainsi que les enjeux de sélection et de représentation des porte-parole au plus près du terrain associatif.

 

 

Dans les quartiers populaires, malgré les initiatives des autres institutions locales pour faire participer les habitants à la « dynamisation du tissu social », certains organismes HLM produisent leur propre dispositif en direction de leurs locataires. Selon leurs promoteurs, il y aurait parmi eux un ensemble d’habitants invisibles, à la fois repliés sur la sphère privée et déresponsabilisés de leurs droits et devoirs tels qu’ils sont véhiculés par les règlements intérieurs des résidences. Cette communication se propose de discuter ce travail de catégorisation et de légitimation de l’accès à l’espace public de ces invisibles. L’analyse des écarts entre leurs propos situés et des comptes-rendus officiels révèlent un travail d’homogénéisation de la parole habitante conduisant à l’invisibilisation des conflits internes.

 

Dans le contexte de l’avènement de la démocratie en Afrique, les émissions « call in » diffusées au Niger sur les stations de radio associatives et communautaires (Goudel et Ouallam) constituent des espaces de parole pour des populations longtemps privées de voix dans l’espace public médiatique. L’analyse des interactions radiophoniques et des modalités de mise en scène de la parole des « sans voix » sur des sujets de société permet de mettre au jour les stratégies argumentatives, les enjeux de libération de la parole des citoyens ordinaires et de souligner le rôle d’acteur social de la radio.

 

11h30-13h. Session 6 - Médias alternatifs et construction symbolique des groupes minoritaires

 

Discutant : Benjamin FERRON, Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication, UPEC-Céditec (UE3119) | Salle ML117

 

  • « Does voiceless narratives matter? A study based on the voice of 55 popular communicators from Brazil, listened from 2013 to 2016 » - Ana Cristina SUZINA (PhD Candidate, CriDIS - Université Catholique de Louvain, Belgium, CAPES Scholar, Brazil)

 

This communication joins the perspective of speaking within a relationship with subaltern instead of on behalf of them, discussing the collective construction of these narratives under the concept of representation. The discussion is based on interviews with 55 communicators from 20 different social groups acting in six regions in Brazil, from 2013 to 2016. A straight connection to field actors of social change is the main premise guiding these initiatives. They talk about creating and improving platforms for getting marginal narratives visible as a struggle for intervening in the social order. They push the idea of expressing a voice to the need of recognizing that each voice actually matters.

 

  • « Prison radios as tools of communication with the inner and outer world » - Gergely GOSZTONYI (Ph.D., Eötvös Loránd University (ELTE), Faculty of Law, Budapest, Hungary)

 

The world's first prison radio started its broadcasting in the HM Brixton Prison (UK) in 2007. Since that time, similar initiatives have started in Scotland, Sweden, Israel, Australia, Trinidad and Tobago. And in 2014, the first prison radio in Central-Eastern-Europe started its broadcasting in Hungary at the Vác Prison. All those experiences show that even those underrepresented groups like prisoners could benefit a lot from some aspects of freedom of expression. The target audience is where the creators of the programs are: behind the grid. These radios are an example of everything that is commonly referred to as the third leg of the three-stage media system, the alternative or community media. It is built on the content created by prisoners and broadcast to the prisoners. By the community, to the community. With this new tool, prisoners have begun to engage in entertainment, learning and development.

 

 

Notre contribution traitera de la question de la langue amazighe (berbère) à la télévision marocaine, de son passage de la marginalité à la visibilité médiatique. Nous porterons une attention particulière au contexte de l’émergence de la chaîne TV8, qui constitue manifestement la fin de la discrimination et de l’exclusion de la langue amazighe. Dans quelle mesure la création de Tamazight Tv8 peut-elle être considérée comme l’aboutissement d’une lutte pour la visibilité ? C’est en s’appuyant sur une approche socio-historique que nous proposons d’analyser le processus de mise en visibilité de l’amazighe, depuis la formation de la demande sociale relative au droit de cité de cette langue à la télévision nationale, jusqu’à la création, en 2010, d’une chaîne de télévision lui étant exclusivement dédiée.

 

14h15-15h45. Session 7 - Action collective, militantisme associatif et médiation de la parole

 Discutante : Joëlle LE MAREC (Professeure en sciences de l’information et de la communication, CELSA-Paris Sorbonne/GRIPIC) | Amphi MIEE

 

  • « Témoigner pour la paix au milieu du conflit. Normativité et tensions dans les dispositifs de témoignage en Israël-Palestine » - Caterina BANDINI (doctorante en sociologie, EHESS, LabEx TEPSIS, CMH)

 

Comment donner la parole aux Palestinien.ne.s qui vivent sous occupation tout en envoyant un message de paix et d’espoir et en garantissant un confort minimal à l’auditoire ? Que ce soit dans le cadre de pèlerinages politisés, de tours de solidarité ou de rencontres publiques, le dispositif du témoignage direct configure la prise de parole de ces « acteurs faibles ». Devant répondre à l’injonction paradoxale de créer des espaces de paix dans des lieux qui sont le théâtre de conflits, l’élaboration du discours est soumise à des conditions matérielles et à des négociations symboliques spécifiques.

 

 

Par l’analyse des pratiques de plusieurs mouvements sociaux belges opposés aux traités de libre-échange, cette présentation revient sur leur volonté d’inclure, de représenter et d’atteindre des couches de la population plus faible, comme les agriculteurs, les chômeurs ou les artistes. Sur le terrain, la réalité est tout autre. Les mouvements se heurtent à la difficulté de faire accéder cette population “faible” aux débats ou à une visibilité dans l’espace public. De plus, les communications produites par ces mouvements ont tendance à configurer les publics cibles, excluant parfois cette population des publics touchés.

 

  • « Silence et résistance : un objet limite pour la sociologie ? Retour critique sur un programme de recherche portant sur les micro-politiques de résistance» - Aurélia LÉON (doctorante en sociologie, Centre Max Weber, UMR 5283) & Christophe TROMBERT (maître de conférences en sociologie, Centre Max Weber, UMR 5283).

 

Soit une recherche portant sur des micro-résistances associant réflexivité et capacité à cacher, donc soutenant la thèse d’une résistibilité de la domination. La question de l’aveuglement de l’agent, académique cette fois, face à des ressorts de domination revient cependant, via des usages des résultats de la recherche à problématiser en termes de savoir/pouvoir. Une sociologie éthique des résistances silencieuses est-elle possible ? Nous en testons l’éventualité avec une typologie basée sur des matériaux « froids » : archives, textes de fiction ou anonymes et non-adressés, afin d’établir la portée politique de certains silences, non pas par le texte caché qu’ils recouvrent, mais par les formes de pouvoir auxquels ils répondent.

 

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